ASPE et ALZHEIMER

ASPE  et  ALZHEIMER

Que vois-tu, toi qui me soignes?

Que vois-tu, toi qui me soignes,

Que vois-tu?

Quand tu me regardes,

Que penses-tu?                                                    

Une vieille femme grincheuse, un peu folle

Le regard perdu, qui n'y est plus tout à fait,

Qui bave quand elle mange et ne répond jamais,

Qui, quand tu me dis d'une voix forte "essayez"

Semble ne prêter aucune attention à ce que tu fais

Et ne cesse de perdre ses chaussures et ses bas,

Qui docile ou non, te laisses faire à sa guise,

Le bain et les repas pour occuper la longue journée grise

C'est ça que tu penses, c'est ça que tu vois?

Alors, ouvre les yeux, ce n'est pas moi;

Je vais te le dire qui je suis,assise là si tranquille

Me déplaçant à ton ordre,mangeant quand tu veux;

Je suis la dernière de dix, avec un père et une mère,

Des frères et des soeurs qui s'aiment entre eux.

Une jeune fille de 10 ans, des ailes aux pieds.

Rêvant que bientôt, elle rencontrera un fiancé.

Mariée déjà à 20ans.Mon coeur bondit de joie

Au souvenir des voeux que j'ai fait ce jour-là

J'ai 25 ans maintenant et un enfant à moi

Qui a besoin de moi pour lui construire une maison.

Une femme de 30 ans, mon enfant grandit vite.

Nous sommes liés l'un à l'autre par des liens qui dureront.

40 ans bientôt, il ne sera plus là.

Mais mon homme est à mes côtés qui veille sur moi

50 ans à nouveau autour de moi, jouent des bébés.

Me revoilà avec des enfants,moi et mon bien-aimé.

Voici les jours noirs, mon mari meurt.

Je regarde le futur en frémissant de peur,

Car mes enfants sont tous occupés à élever les leurs.

Et je pense aux années et à l'amour que j'ai connu.

Je suis vieille maintenant, et la nature est cruelle.

Qui s'amuse à faire passer la vieillesse pour folle.

Mon corps s'en va,la grâce et la force m'abandonnent,

Et il y a maintenant une pierre, là où jadis j'eus un coeur.

Mais dans cette vieille carcasse, la jeune fille demeure

Dont le vieux coeur se gonfle sans relâche.

Je me souviens des joies, je me souviens des peines,

Et à nouveau, je sens ma vie et j'aime.

Je repense aux années trop courtes et trop vite passées.

Et accepte cette réalité implacable que rien ne peu durer.

Alors ouvre les yeux, toi qui me soigne et regarde

Non pas la vieille femme grincheuse.

Regarde mieux, tu me verras!

Poème d'une vieille dame irlandaise, trouvé en 1984 et  point de départ dans le roman d'Yvon Le Men "Elle était une fois"

 



15/03/2008
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres